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Traductions de rock songs + histoire, contexte, vidéos et reprises. Songs translations + covers. All in English/French!

ROCKTRANSLATION.FR

David Bowie - Heroes

Alors que la musique avait été écrite avec Brian Eno, les paroles ne l'étaient pas encore. Bowie a demandé à rester seul au studio, et a écrit d'un jet, mélangeant différentes influences. Un couple qu'il voyait par la fenêtre près du mur de Berlin, un tableau qu'il avait vu au musée avec Iggy Pop, une nouvelle italienne et la situation politique du Berlin de l'époque.


1*  Traduction en français
2*  Commentaire en français
3*  Comment in English
4*  Original song text
5*  David Bowie versions
6*  Reprises / Covers

 

Robert Fripp, David Bowie, Brian Eno


1*  Traduction en français

Ma traduction des paroles  / my lyrics translation


David Bowie - Heroes

Moi, je serai roi
Et toi, tu seras reine
Même si rien ne les fera partir
Nous les vaincrons, juste pour un jour
On peut être des héros, juste pour un jour

Et toi, tu peux me faire mal
Et moi, je bois tout le temps
Car nous sommes amants, c'est comme ça
Oui, nous sommes amants, et c'est tout

Même si tout nous séparera
On peut en profiter, juste pour un jour
On peut être des héros pour toujours
Qu'en penses-tu ?

Moi, je voudrais que tu nages
Comme les dauphins, les dauphins savent nager

Même si tout, tout nous séparera
On peut être des héros pour toujours
Oh on peut être des héros, juste pour un jour

Moi, je serai roi
Et toi, tu seras reine
Même si rien ne les fera partir
Nous les vaincrons, juste pour un jour
On peut être nous, juste pour un jour

Moi, je me rappelle (je me rappelle)
Etre debout sous le mur (sous le mur)
Et les balles nous passent au dessus (au dessus)
Et on s'est embrassé, comme si rien ne pouvait arriver (ne pouvait arriver)

Et la honte était de l'autre coté
Oh nous les vaincrons, pour toujours
Alors on peut être des héros, juste pour un jour

On peut être des héros
On peut être des héros
On peut être des héros juste pour un jour
On peut être des héros

On n'est rien, et rien ne nous aidera
Peut-être mentons-nous, alors tu devrais y aller
Mais on serait plus en sûreté juste pour un jour
Oh-oh-oh-oh, oh-oh-oh-oh, juste pour un jour

 

2*  Commentaire en français

A plonger dans les paroles de chansons, dans ce blog, l'on a souvent eu l'occasion de voir que l'ambivalence et/ou la multiplicité des sujets traités dans un texte donné sont des choses fréquentes. Tel est le cas ici.
Bowie a donc écrit d'un jet, mélangeant différentes influences. Un couple qu'il voyait par la fenêtre près du mur de Berlin, un tableau qu'il avait vu au musée avec Iggy Pop, une nouvelle italienne et la situation politique du Berlin de l'époque :

Ce qu'il a vu
Resté seul pour écrire les paroles, il a vu par la fenêtre des Hansa Studios son producteur bassiste et ami Tony Visconti se prendre la bouche avec sa petite copine de l'époque, leur choriste Antonia Maass (qui plus tard niera avoir eu une quelconque relation avec celui-ci), le long du mur de Berlin qui était à quelques encablures. Les paroles relatent (entre autres donc) l'histoire d'un couple qui brave les dangers en se retrouvant le long du mur.

Les Hansa Studios en 1975

La plupart d'entre vous qui me lisez n'avez pas eu l'occasion de voir ce mur. J'ai eu l'occasion de passer une petite semaine à Berlin (Ouest et Est) avant qu'il ne tombe, et l'ambiance froide et la dangerosité de s'en rapprocher étaient très palpables, croyez m'en.
 

Le mur au bout de la Koethener Strasse

Visconti : "La fenêtre de la salle de contrôle du studio donnait sur un terrain vague et sur le mur omniprésent." Il est revenu là-dessus en 2017 lors de la sortie d'un coffret, A New Career In A New Town. "Antonia et moi prenions un café en se baladant. Pas trop loin vers l'Est car ça paraissait dangereux. Nous nous sommes arrêtés sous cette fenêtre et nous sommes embrassés. On a encore parlé un peu et sommes remontés au studio. A notre retour David rayonnait d'un sourire matois à la Bowie, du genre Grosminet qui vient d'avaler Titi. A l'évidence les paroles venaient d'être écrites. Coco Schwab, l'assistante de Bowie dit à Visconti: "Vous deux, vous êtes dans la chanson".

Le tableau au musée
Il a passé un long moment à Berlin avec Iggy Pop : d'une part pour s'extraire de la hype de Los Angeles et de la cocaïne dont il abusait; par ailleurs il a invité Iggy Pop à l'y rejoindre. Ce dernier faisait une dépression post Stooges, son groupe précédent, du fait que sa carrière solo ne marchait pas. Mais je m'égare.

 


Le tableau donc, d'Otto Mueller’s peint en 1916 : "Couple d'amoureux entre deux murs de jardin". Les murs ici rapprochés donnent une impression d'oppression, la même qu'a ressentie Bowie à la vue de ses deux collaborateurs entrelacés.

La nouvelle italienne
"Une Tombe Pour Un Dauphin" de Alberto Denti di Pirajno, publié en 1956. Il fait partie des cent livres préférés de Bowie. Denti di Pirajno était un médecin militaire envoyé dans les territoires est-africains colonisés par l'Italie. L'histoire d'un soldat italien et d'une femme somalienne, qui nageait avec un dauphin. L'inspiration évidente de :     
      "
I, I wish you could swim
      Like the dolphins, like dolphins can swim"

 


Bowie dira plus tard en interview : "J'ai trouvé que ç'était une belle et magique histoire d'amour qui m'a en partie inspiré pour ma chanson Heroes".
Prémonitoire ? Un peu moins de quinze ans après l'avoir lu, Bowie a lui-même rencontré une femme somalienne : Iman.


La situation politique
Le Berlin divisé, ses nombreuses familles séparées tout d'un coup en 1961, l'impression extraordinaire de ressentir l'histoire quand l'on pouvait passer de Berlin-Ouest à Berlin-Est, la répression politique à l'Est à toute 
velléité de liberté, ne peut qu'être vaguement imaginée.
Je l'ai ressentie, cette atmosphère, en n'y passant que quelques jours. Bowie, lui, y a vécu deux ans, en recherchant l'anonymat que cette ville pouvait encore lui offrir à cette époque.

 

Pour les Berlinois ayant vécu entre 1961 et 1989, c'était le quotidien...
 

La chanson “Heroes” a finit par devenir un symbole du Berlin divisé. Un moment paroxystique a été quand Bowie a fait un concert aussi près du mur que possible en 1987, de façon à ce que sa performance live puisse être entendue par un maximum de Berlinois de l'Est.
En interview, Bowie dira que ce concert était d'une extrême intensité émotionnelle, aussi bien pour lui que pour les deux publics, à l'Ouest comme à l'Est, réunis en cette occasion par la musique.

 

1987 Reichstag show

“Je n'oublierai jamais ça,” s'est-il rappelé. “Ca a été l'un de mes concerts les plus forts émotionnellement. J'en avais les larmes aux yeux. La scène était adossée au Mur, qui devenait donc pour l'occasion un décor de scène. On avait entendu dire que quelques Berlinois de l'Est auraient peut-être la chance de nous entendre, mais on était loin de s'imaginer qu'il y aurait autant de gens de l'autre coté du mur qui viendraient nous écouter". 

"Et ils se sont avérés être des milliers à venir aussi près du mur que possible pour nous écouter..."
(NB: si le mur était quasi touchable du coté ouest à quelques mètres près, il en allait autrement de l'autre coté, il y avait un no man's land où évidemment les Berlinois de l'Est ne pouvaient aller. Quiconque s'y essayait devenait la cible des gardiens du mur sur leurs miradors)
"...Donc c'était comme un double concert, où le Mur séparait les deux publics. Et nous entendions le public est-berlinois nous applaudir et chanter sur les chansons. A m'en rappeler là, j'en ai encore la chair de poule. C'était déchirant. Je n'ai jamais rien fait ni ressenti de tel de ma vie ! Et ça ne risque plus de m'arriver dans l'avenir. Quand on a joué Heroes, c'était comme un hymne, presque comme une prière".

 

2002 Berlin

"En 2002 on l'a rejoué à Berlin. Cette fois-là, ce qui était extraordinaire (c'était au Max Schmeling Hall, une salle de 10-15000 personnes), c'est que la moitié du public avait été est-berlinois à l'époque. Donc j'étais en face de mon public pour qui j'avais chanté lors de cette précédente occasion. Et on chantait tous à l'unisson. Là encore, le ressenti était très fort. Des moments comme ça vous font toucher du doigt la puissance qu'une chanson chantée en public peut avoir".

Autre interview : "C'est une chierie à chanter, parce que je dois pousser ma voix très fort vers la fin. J'en tiens compte lors de mes concerts et la chante à un moment où j'ai l'occasion de faire une pause vocale après. Je ne m'imagine pas un set pendant lequel je ne chanterais pas "Heroes". Tant que je donnerai des concerts, je la chanterai. C'est toujours une belle occasion de pousser ma voix à fond, et je m'éclate à le faire à chaque fois."

Deux collaborateurs majeurs sont intervenus, outre Tony Visconti, Carlos Alomar et autres : Brian Eno et Robert Fripp, du groupe King Krimson.

 

Eno, Fripp, Bowie

Brian Eno est venu vivre à Berlin tout le temps de la composition et de l'enregistrement de l'album Heroes.
Robert Fripp, à qui l'on doit ces couches de guitare si caractéristiques de la chanson, n'est venu que quelques jours pour cette occasion, les a faites et enregistrées, et c'était plié.

La première fois que cette chanson a été entendue fut lors de l'émission télévisée de Marc Bolan en Septembre 1977, une semaine avant que celui-ci ne se tue en voiture.

Bowie est considéré par les Berlinois et les allemands comme un catalyseur de la chute du mur. Qu'on ne se méprenne pas. Comme l'un des catalyseurs, pas comme l'élément déclencheur. Le ministère des affaires étrangères allemand a publié ce tweet après son décès en 2016:

 

3*  Comment in English

Their working method during Bowie’s Berlin period was to build layered tracks that would later inspire lyrics and melody. So at one point the music was written, the lyrics were not. Bowie wrote them mixing what he saw by his studio window (a couple snogging), a painting he had seen in a Berlin museum together with Iggy Pop, what he had read (an Italian short story) and what he thought of the peculiar Berlin political situation. 
 


What he saw
As he asked to be left alone to write the lyrics, he saw his producer/bassist and friend Tony Visconti snogging his girlfriend next to the Berlin wall.This song tells the story of a couple who are so determined to be together despite the political climate of the day that was preventing them and, in that desperation, they meet every day by the Berlin Wall.
Visconti : "The control room window faced a forsaken empty lot, with the ubiquitous Wall looming in the distance." Visconti recalled the notes to the 2017 Bowie box set A New Career In A New Town. "Antonia and I had a coffee and walked around a bit but didn’t go very far as it felt unsafe. We stopped beneath the control room window to look at the Wall. "We had a little chat about it that somehow turned into a little snog. We chatted some more and then returned to the studio. When we returned David was now beaming with a certain Bowie smile, like the cat that ate the canary. Obviously the song was finished." Bowie's loyal assistant Coco Schwab told Visconti: "You two are in the song".

 

                                                               David     &     Iggy

A painting
Otto Mueller’s 1916 painting Lovers Between Garden Walls, which Bowie saw in a Berlin museum with close friend Iggy Pop. The two walls are to one another, giving that feeling of oppression. 

A short story
Alberto Denti di Pirajno’s 1956 short story A Grave for a Dolphin. It's about a relationship between an Italian soldier and a Somalian girl in World War II and a dolphin that she swims with. 
Bowie later said: "I thought it a magical and beautiful love story and in part it had inspired my song 'Heroes'."
Somewhat prothetic? In real life, some fifteen years after the song was written, Bowie met a Somalian woman : Iman.

 

In Berlin


The political situation
The divided Berlin, with numerous families instantly separated (for what then seemed forever) in 1961, that extraordinary palpable feeling of witnessing history when you could leave West-Berlin to East-Berlin, the Eastern political oppression people faced if and when they dared dream of or claim some degree of freedom, all that can now but be imagined
.
I, for one, felt it though I only spent mere days there in the eighties. Bowie must have strongly felt it as he spent two years there, enjoying the anonimity he could still have there. 
To vaguely imagine the plight it must have been for Berliners between 1961 and 1989, that's beyond possible...

 

Hansa Studios


The “Heroes” song grew into a symbol for a divided Berlin. It hit an emotional high when Bowie performed it at a concert near the Berlin Wall in 1987, so that people form the East could enjoy the concert, two years before its eventual fall.
In an interview, Bowie described the performance as emotionally overwhelming, both for him and for the divided audiences on either side of the wall who were united, even if briefly, by the power of music.

“I’ll never forget that,” he recalled. “It was one of the most emotional performances I’ve ever done. I was in tears. They’d backed up the stage to the Wall itself so that it was acting as our backdrop. We kind of heard that a few of the East Berliners might actually get the chance to hear the thing, but we didn’t realise in what numbers they would. 

"And there were thousands on the other side that had come close to the wall. So it was like a double concert, where the Wall was the division. And we would hear them cheering and singing along from the other side. God, even now I get choked up. It was breaking my heart. I’d never done anything like that in my life. And I guess I never will again. “When we did Heroes it really felt anthemic, almost like a prayer."
 


In 2002 we did it in Berlin again. This time, what was so fantastic – it was in the Max Schmeling Hall, which holds about ten to fifteen thousand – is that half the audience had been in East Berlin that time way before. So now I was face-to-face with the people I had been singing it to all those years ago. And we were all singing it together. Again, it was powerful. Things like that really give you a sense of what a song and performance can do.”

"It's a bitch to sing, 'cos I really have to give it some towards the end. I pace 
myself throughout the show and often place it near to a point where I can take a vocal break afterwards. As long as I'm touring, I don't see a time when I won't be singing "Heroes." It's a good one to belt out, and I get a kick out of it every time. "

 


Beyond Tony Visconti and Carlos Alomar, the song owes its sound to these two characters : Brian Eno and Robert Fripp, the latter being the leader of King Krimson.
Brian Eno had to come to live in Berlin for the whole duration of the album's composition and recording.
Robert Fripp, who composed and performed the overlaps of guitar that make the special sound of "Heroes", just came for a few days, did his thing and that was wrapped. 

The first time the public heard the song was on Marc Bolan TV show in September 1977, a week before he (Marc Bolan / T Rex) died in a car accident.

Bowie is considered by the Berliners as a catalyst of the fall of the wall. Don't get me wrong: as a catalyst, not as the actual cause of it.

 



4*  Original song text

David Bowie - Heroes

I, I will be king
And you, you will be queen
Though nothing will drive them away
We can beat them just for one day
We can be heroes just for one day

And you, you can be mean
And I, I'll drink all the time
'Cause we're lovers, and that is a fact
Yes, we're lovers, and that is that

Though nothing will keep us together
We could steal time just for one day
We can be heroes forever and ever
What d'you say?

I, I wish you could swim
Like the dolphins, like dolphins can swim

Though nothing, nothing will keep us together
We can beat them forever and ever
Oh, we can be heroes just for one day

I, I will be king
And you, you will be queen
Though nothing will drive them away
We can be heroes, just for one day
We can be us just for one day

I, I can remember (I remember)
Standing by the wall (By the wall)
And the guns shot above our heads (Over our heads)
And we kissed as though nothing could fall (Nothing could fall)

And the shame was on the other side
Oh, we can beat them forever and ever
Then we could be heroes just for one day

We can be heroes
We can be heroes
We can be heroes just for one day
We can be heroes

We're nothing, and nothing will help us
Maybe we're lying, then you better not stay
But we could be safer just for one day
Oh-oh-oh-oh, oh-oh-oh-oh, just for one day.

 

5*  David Bowie versions

First performance was on Marc Bolan TV show in September 1977, 
a week before Marc Bolan (T Rex) died in a car accident:


Berlin Reichstag live Platz der Republik Festival 1987
 


Berlin 2002 live


1996     Live Acoustic


En français :     Héros


En allemand :     Helden

Documentaire 25 mns
Songs That Changed Music: David Bowie - Heroes



6*  Reprises / Covers

Il y a près de deux cent reprises. Ma sélectionde 24.
Ther's about two hundred covers. My choice of 24:

1980    Blondie


1980    Nico


1991    Billy Preston


1992    Queen & Bowie (Freddy Mercury tribute concert)


1997    Oasis


1997    Philip Glass



2003    Bon Jovi


2016    King Crimson


2006    Gregorian


2007    Nena (Helden) et al.


2007    Apocalyptica feat. Till Lindemann (Helden)


2007    Kate Ceberano


2010    Peter Gabriel


2010    Tangerine Dream


2011    Mike Garson


2012    Twinkle Twinkle Little Rock Star


2017    Motörhead


2017    Depeche Mode


2021    Moby ft. Mindy Jones


?    Ted Leo


?    Andrea Schroeder (Helden)


?    Hollywood Vampires (ft; Johny Depp & Alice Cooper)



?    Kepi and Friends


?      Scott Bradlee's Postmodern Jukebox feat. Nicole Atkins

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D
Je suis frappée de voir la liberté avec laquelle il interprète les paroles ! A chaque version il change l'ordre, met des could à la place des will. C'est touchant, comme s'il la réinventait à chaque fois. Merci beaucoup beaucoup pour toutes les histoires autour de cette chanson !
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