22 Janvier 2025
N° 563. La phrase « You made me acknowledge the devil in me » (Tu m'as bien fait voir que j'ai un coté Satan) est l’un des moments les plus marquants, une confession selon laquelle l’amour – ou peut-être le désir – l’a forcé à affronter une part brute et troublante de lui-même. Le mélange d’admiration et d’inquiétude donne à la chanson sa qualité hantée, comme si le narrateur était à la fois captivé et ébranlé par cette figure mystérieuse entrée dans sa vie..
1* Traduction en français
2* Commentaire en français
3* Comment in English
4* Original song text
5* Edwyn Collins versions
6* Reprises / Covers
1* Traduction en français
Edwyn Collins - Une fille comme toi
.
Je n'ai jamais connu de fille comme toi avant
Maintenant, comme dans une chanson d'antan
Te voilà à ma porte qui viens, frappant, frappant
Je n'ai jamais rencontré de fille comme toi avant
.
Tu me donnes un avant-goût pour ce soit tentant
Et mes mains et mes genoux déchirés sont en sang
Car maintenant je suis au sol, rampant, rampant
Et je n'ai jamais connu de fille comme toi avant
.
Tu m'as bien fait voir que j'ai un coté Satan
Dieu que j'espère te parler métaphoriquement
J'espère bien que je te parle allégoriquement
Sache que je te parle de ce que je ressens
Je n'ai jamais connu de fille comme toi avant
Jamais, jamais, jamais, jamais avant
Jamais connu de fille comme toi avant
.
Cette vieille ville a changé tant et tant
Je n'y suis plus à ma place maintenant
Il y a trop de chanteurs à slogan
Et pas assez de chansons à slogan
Et te voilà ici maintenant
Te voilà ici maintenant
Jamais rencontré de fille comme toi avant.
2* Commentaire en français
Comme à chaque fois que j'ai traduit une chanson en vers, ce n'était au départ pas voulu. Deux ou quatre vers me sont venus en français avec la même rime; j'ai alors poussé un peu plus loin et à ma surprise c'est venu avec toujours la même rime en "an". Voilà la donc la dixième chanson traduite en vers, sur plus de 560. C'est peu, c'est normal, je ne m'y attèle que quand je sens que je peux ne pas dénaturer l'original.
Edwyn Collins et son titre A Girl Like You font partie de ces chansons qui semblent à la fois intemporelles et hors du temps, dans le meilleur sens du terme. Sorti en 1994 sur son album Gorgeous George, ce morceau a rencontré un succès soudain et inattendu, propulsant sur le devant de la scène un artiste qui avait passé des années à naviguer dans les hauts et les bas de l’industrie musicale. Collins, qui a à la fois écrit et produit la chanson, a expliqué qu’elle parlait d’une « fille mythique ». Ce sens du mystère et du fantasme imprègne chaque ligne des paroles, donnant à la chanson une qualité énigmatique qui touche profondément ceux qui l’écoutent.
Avant que ce titre ne le propulse vers la renommée internationale, Collins était surtout connu comme le leader d’Orange Juice, un groupe post-punk écossais qui avait fait sensation au début des années 1980. Orange Juice était original, expérimental et profondément influent sur la scène musicale indie, mais n’a jamais atteint un succès commercial massif. Lorsque le groupe s’est séparé, Collins s’est lancé dans une carrière solo, mais le chemin fut difficile. Pendant des années, son travail est resté dans l’ombre, et lorsqu’il a enregistré A Girl Like You, il était considéré comme un outsider – talentueux mais systématiquement négligé.
La chanson elle-même est un paradoxe. D’un côté, elle est indéniablement moderne pour son époque, mélangeant rock indie, touches glam et soul du Nord. De l’autre, elle semble ancrée dans une autre époque, évoquant les ambiances enfumées des salles de danse des années 1960 et l’énergie du rock des années 1970. Le riff de vibraphone, qui parcourt la chanson, lui confère un charme rétro irrésistible. Fait intéressant, le vibraphone a été joué par Paul Cook, le batteur des Sex Pistols, dont la participation ajoute une subtile touche rebelle au morceau. Par ailleurs, la piste de batterie est un échantillon du hit de 1965 1-2-3 de Len Barry, ce qui renforce encore la connexion avec le passé musical. Le riff de guitare brut et la voix grave et envoûtante de Collins ancrent cependant le tout dans l’univers du rock alternatif. C’est une chanson qui traverse les genres et les décennies tout en restant cohérente et hypnotique.
Les paroles, bien que simples en apparence, regorgent d’émotion. « I’ve never known a girl like you before », chante Collins, et immédiatement, on ressent une fascination, presque une obsession. Ce n’est pas une chanson d’amour classique. Il y a une part d’ombre qui plane en arrière-plan. La phrase « You made me acknowledge the devil in me » (Tu m'as bien fait voir que j'ai un coté Satan) est l’un des moments les plus marquants, une confession selon laquelle l’amour – ou peut-être le désir – l’a forcé à affronter une part brute et troublante de lui-même. Le mélange d’admiration et d’inquiétude donne à la chanson sa qualité hantée, comme si le narrateur était à la fois captivé et ébranlé par cette figure mystérieuse entrée dans sa vie.
Il existe également une théorie intrigante sur l’origine de la chanson. Certains ont suggéré qu’elle serait un hommage au rocker américain Iggy Pop, un artiste que Collins admirait profondément. Il a même été rapporté que Pop avait envisagé d’enregistrer sa propre version de A Girl Like You, mais y aurait renoncé après le succès phénoménal de la version de Collins. Que cela soit vrai ou simplement une rumeur persistante du monde du rock reste un sujet de débat, mais l’association à l’esprit rebelle de Pop ajoute une autre couche d’intrigue à l’héritage du morceau.
Le succès de la chanson s’est construit progressivement, presque par accident. Lors de sa sortie initiale, elle n’a pas fait grand bruit, mais à mesure qu’elle passait à la radio et qu’elle se retrouvait dans des films et des publicités, elle a gagné en popularité. Au milieu des années 1990, elle était devenue un hit mondial, se classant dans plusieurs pays et devenant l’une des chansons emblématiques de la décennie. Son inclusion dans des films comme Empire Records ou encore Charlie’s Angels: Full Throttle n’a fait que renforcer sa place dans la culture populaire, garantissant que de nouvelles générations continueraient à la redécouvrir encore et encore.
Pour Collins, le succès de A Girl Like You fut à la fois un triomphe et un tournant. Cela lui a apporté une reconnaissance méritée depuis longtemps, mais cela est également devenu la chanson avec laquelle tout le monde l’identifiait, éclipsant une grande partie de son autre travail. Les années qui suivirent furent difficiles. En 2005, Collins a subi deux hémorragies cérébrales massives, le laissant avec une aphasie et une paralysie partielle. Le fait qu’il ait survécu était déjà un miracle ; qu’il ait continué à faire de la musique relevait d’une détermination encore plus extraordinaire. Sa récupération fut lente et éprouvante, mais elle a révélé la même ténacité et la même créativité qui l’avaient poussé à écrire des chansons comme A Girl Like You en premier lieu.
Écouter cette chanson aujourd’hui, c’est ressentir qu’elle est toujours aussi fraîche et énigmatique. Son mélange d’éléments rétro et contemporains, ses paroles qui oscillent entre passion et introspection, et son groove indéniable contribuent tous à son attrait durable. Qu’il s’agisse d’un hommage à une fille mythique ou d’un clin d’œil à l’héritage d’Iggy Pop, A Girl Like You est bien plus qu’un simple tube. C’est le témoignage de la vision unique d’Edwyn Collins en tant qu’artiste, de sa capacité à canaliser à la fois ses influences et ses expériences personnelles dans quelque chose de véritablement original. Pour quiconque a entendu ces premières lignes, il est difficile d’oublier le charme envoûtant de « I’ve never known a girl like you before ».
Dix ans après ce titre phare, ce one hit wonder, Collins a eu deux attaques cérébrales qui ont bien failli l'emporter, l'ont rendu incapable de parler pendant six mois d'hôpital, et il a réussi à remonter la pente et à reprendre sa carrière. Jamais sans atteindre le succèsde ce titre qui, en quelque sorte, le définit.
3* Comment in English
Edwyn Collins’ A Girl Like You is one of those songs that feels both timeless and out of place in the best possible way. Released in 1994 on his album Gorgeous George, the track was a sudden and unexpected success for a man who had been navigating the ups and downs of the music industry for years. Collins, who both wrote and produced the song, described it as being about a "mythical girl." That sense of mystery and fantasy runs through every line, lending the lyrics an enigmatic quality that resonates deeply with listeners.
Before this track catapulted him to international fame, Collins was best known as the frontman of Orange Juice, a Scottish post-punk band that made waves in the early 1980s. Orange Juice was quirky, experimental, and deeply influential in the indie music scene, but they never achieved massive commercial success. When the band disbanded, Collins embarked on a solo career, but it was a difficult road. For years, his work largely went under the radar, and by the time he recorded A Girl Like You, he was considered something of an outsider—talented but perpetually overlooked.
The song itself feels like a paradox. On one hand, it is undeniably modern for its time, blending indie rock with a hint of glam and Northern soul. On the other hand, its essence feels rooted in another era, conjuring images of smoky 1960s dance halls and 1970s rock swagger. The lush vibraphone riff that runs through the song adds an irresistible retro charm. Interestingly, the vibraphone was played by Paul Cook, the drummer of the Sex Pistols, whose involvement lends the track a subtle but rebellious edge. Meanwhile, the drum track itself is a sample from Len Barry's 1965 hit 1-2-3, further connecting it to the musical past. The jagged guitar riff and Collins’ rich baritone voice anchor it firmly in the world of edgy, alternative rock. It is a song that straddles genres and decades, yet feels cohesive and hypnotic.
The lyrics are deceptively simple but brimming with emotion. "I’ve never known a girl like you before," Collins sings, and immediately, there’s a sense of fascination, almost obsession. This isn’t a straightforward love song. There’s something darker lurking beneath the surface. The line "You made me acknowledge the devil in me" is one of its most striking moments, a confession that love—or perhaps lust—has forced him to confront something raw and unsettling within himself. The juxtaposition of admiration and unease gives the song its haunting quality, as though the speaker is both entranced and undone by this mysterious figure who has entered his life.
There’s also an intriguing theory surrounding the song’s origins. Some have suggested that it serves as a tribute to American rocker Iggy Pop, an artist Collins deeply admired. It was even reported that Pop had considered recording his own rendition of A Girl Like You but decided against it when Collins’ version became a breakout hit. Whether this is true or simply an enduring rock-and-roll rumor remains a matter of debate, but the connection to Pop’s rebellious spirit adds another layer of intrigue to the song’s legacy.
The song’s rise to fame was gradual, almost accidental. When it was first released, it didn’t make much of a splash, but as radio stations began to pick it up and it found its way into films and commercials, it gained momentum. By the mid-1990s, it was a global hit, charting in multiple countries and becoming one of the defining songs of the decade. Its inclusion in films like Empire Records and Charlie’s Angels: Full Throttle only solidified its place in pop culture, ensuring that new generations would discover it again and again.
For Collins, the success of A Girl Like You was both a triumph and a turning point. It brought him long-overdue recognition, but it also became the song that everyone associated with him, overshadowing much of his other work. The years that followed were not easy. In 2005, Collins suffered two massive brain hemorrhages, leaving him with aphasia and partial paralysis. The fact that he survived was remarkable; the fact that he continued to make music even more so. His recovery was slow and arduous, but it revealed the same determination and creativity that had driven him to write songs like A Girl Like You in the first place.
Listening to the song today, it still feels fresh and enigmatic. Its mix of retro and contemporary elements, its lyrics that balance passion and self-awareness, and its undeniable groove all contribute to its enduring appeal. Whether it’s a tribute to a mythical girl or a nod to Iggy Pop’s legacy, A Girl Like You is more than just a hit song. It’s a testament to Edwyn Collins’ unique vision as an artist, his ability to channel both his influences and his personal experiences into something truly original. For anyone who’s ever heard those opening lines, it’s hard to forget the seductive spell of "I’ve never known a girl like you before."
4* Original song text
Edwyn Collins - A Girl Like You
I've never known a girl like you before
Now, just like in a song from days of yore
Here you come a-knocking, knocking on my door
And I've never met a girl like you before
.
You give me just a taste so I want more
Now my hands are bleeding and my knees are raw
'Cause now you got me crawling, crawling on the floor
And I've never known a girl like you before
.
You made me acknowledge the devil in me
I hope to God I'm talking metaphorically
Hope that I'm talking allegorically
Know that I'm talking 'bout the way I feel
And I've never known a girl like you before
Never, never, never, never
Never known a girl like you before
.
This old town's changed so much
Don't feel that I belong
Too many protest singers
Not enough protest songs
And now you've come along
Yes, you've come along
And I've never met a girl like you before.
5* Edwyn Collins versions
6* Reprises / Covers
2011 Miles Kane
2011 Dynazty (metal)
2017 TinaKristina (reggae)
2021 Random Hearts (unplugged)
2023 Adorable Pets
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