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20 Novembre 2024
N° 551. Ce poème écrit et chanté par Joe Strummer est symbolique, elliptique, parfois télégraphique. Et paraît cryptique, mais pas tant que ça, je vais vous débrouiller tout ça. "Straight to Hell" des Clash se dresse comme une critique poignante et complexe de l'injustice sociale, dénonçant la condition des laissés-pour-compte.
1* Traduction en français
2* Commentaire en français
3* Comment in English
4* Original song text
5* The Clash versions
6* Reprises / Covers
1* Traduction en français
The Clash - Droit En Enfer
Si tu sais jouer du violon
Que dirais-tu d’un traditionnel anglais
Citant parfaitement l'anglais correct
Les villes éloignées exsudent fourneaux rouillés
Eau gelée dans la génération
Claire comme la glace d’hiver
C’est ton paradis
Rien à carrer de vous ici
Allez droit en enfer les gars
Veux-tu rejoindre les cohortes
Du blues américano-asiatique ?
Quand c’est Noël à Ho Chi Minh-Ville
Les gamins disent : papa, papa, papa, papa-san, ramène-moi à la maison
Regarde-moi, j’ai une photo, une photo
Une photo de toi
Maman, maman, maman-san
De toi et de maman, maman, maman-san
J'vais te dire quel est ton sang, petit jaune
Ce n’est pas du Coca-Cola, c’est du riz
Droit en enfer
Oh Papa-san
S’il te plaît, ramène-moi à la maison
Oh Papa-san
Tout le monde veut rentrer à la maison
Alors Maman-san dit...
Tu veux jouer du banjo de bargeot
Sur le ragtime déjanté de la dope aux US ?
Au Parcage International
Ha ! USA royaume du Junkie
Où la cocaïne est ultra-pure pour faire triper son homme
Et c'est de la mort aux rats
C'est le cocktail molotov volatile qui dit...
HEY CHICO, ON A UN MESSAGE POUR TOI…
VAMOS, VAMOS, MUCHACHO,
DES MORTS DANS TOUTES VILLES DE L’ALPHABET
Va droit en enfer
Peux-tu vraiment le cracher fort et clair ?
Les immigrants
Ils veulent chanter toute la nuit
Ça pourrait être n’importe où
Probablement n’importe quelle frontière
N’importe quel hémisphère
C'est un no man's land sans asile ici
Le roi Salomon l'a jamais vécu par ici.
Allez droit en enfer, les gars.
2* Commentaire en français
Ce poème écrit et chanté par Joe Strummer est symbolique, elliptique, parfois télégraphique. Et paraît cryptique, mais pas tant que ça, je vais vous débrouiller tout ça. "Straight to Hell" des Clash se dresse comme une critique poignante et complexe de l'injustice sociale, dénonçant la condition des laissés-pour-compte. En tant que dernière chanson enregistrée par la formation originale du groupe, elle constitue une conclusion émouvante à leur carrière illustre. Ce titre, issu de l’album Combat Rock, dresse un panorama mondial de la souffrance, allant de l’effondrement de l’industrie britannique au sort des enfants amérasiens au Vietnam, en passant par les ravages du trafic de drogue en Amérique. Le tout est lié par un thème central : l’oppression des plus faibles dans une société sans cœur.
Le morceau a débuté comme un riff de guitare expérimental de Mick Jones, que le batteur Topper Headon a transformé avec un rythme inspiré de la bossa nova. Ce choix inhabituel a nécessité des techniques d'enregistrement innovantes : Headon a demandé à Joe Strummer de frapper la grosse caisse avec une bouteille de limonade enveloppée dans une serviette pour enrichir le son. La session d’enregistrement, menée aux studios Electric Lady de New York la veille du Nouvel An 1981, était frénétique. Strummer a travaillé toute la nuit pour écrire des paroles alliant sensibilité poétique et engagement. La chanson a été finalisée juste avant minuit, et le groupe est sorti dans la foule de Times Square, euphorique, convaincu d’avoir créé quelque chose d’extraordinaire.
Les paroles, couplet par couplet, une traversée des continents et des injustices universelles :
- L’effondrement économique de la Grande-Bretagne
Le premier couplet évoque les réalités dures de la récession britannique du début des années 1980. Les immigrés, venus chercher une vie meilleure, se retrouvent piégés dans des villes industrielles en déclin, victimes des politiques de l’ère Thatcher et des préjugés sociaux. Les paroles de Strummer reflètent leur aliénation : « Rien à carrer de vous ici Allez droit en enfer les gars»
- L’héritage du Vietnam
Le deuxième couplet se tourne vers les enfants amérasiens laissés derrière par les soldats américains. Strummer capture le désespoir de ces enfants rejetés à la fois par leurs pères américains et par la société vietnamienne. La phrase percutante « Ce n’est pas du Coca-Cola, c’est du riz » souligne ce rejet brutal et leur quête identitaire.
L'on sait malheureusement ce qui se passe en temps de guerre : combien de ces enfants ont-ils été conçus lors d'un viol ? Question sans réponse.
Cinq ans après la sortie de la chanson, en 1987, le Congrès américain a voté l’Amerasian Homecoming Act, permettant à ces enfants et à leurs familles proches d’immigrer aux États-Unis. Environ 23 000 enfants amérasiens et 67 000 membres de leurs familles ont été relocalisés grâce à ce programme. Certains ont retrouvé leurs pères soldats, parfois avec un sentiment de clôture émotionnelle, mais d'autres ont échoué, soit en raison de décès de celui-ci, soit face au refus des vétérans de reconnaître ces enfants ou de se reconnecter.
A la fin de ce couplet, il y a une question réponse : le gamin métisse qui demande à son père de l'emmener aux USA; et celui-ci qui réplique : ton sang n'est pas ricain, mais asiate. De façon insouciante/méprisante (bamboo kid), d'où ma traduction (petit jaune).
La fin de ces deuxième et troisième sujets se finit par une phrase en suspens ("Alors Maman-san dit...", "C'est le cocktail molotov volatile qui dit..."), cette éllipse fait comprendre par les notes de musique qui les suivent :
"Il n’y a pas besoin de vous ici
Allez droit en enfer les gars".
Comme à la fin du 1er couplet.
- L’épidémie de drogue en Amérique
Le troisième couplet critique la crise des drogues qui ravage les villes américaines, en particulier dans les communautés immigrées pauvres. « Au Parcage International » montre en deux mots que les USA sont (à l'heure où j'écris ces lignes, on va bientôt être en 2025, on peut rayer le temps présent) étaient certes le pays de l'immigration internationale, mais pour les laissés-pour-compte, les "underdogs" en anglais, cela n'était guère qu'un parcage.
L’addiction devient une prison métaphorique, et « USA royaume des Junkies » illustre comment la négligence systémique alimente le désespoir. Les immigrés, boucs émissaires des maux de la société, font face à une hostilité symbolisée par un « volatile Molotov » lancé dans Alphabet City, c'est à dire toutes les villes de l'alphabet.
- Une galère universelle
Dans le dernier couplet (présent seulement dans les versions ultérieures de la chanson), Strummer résume le message global de la chanson : aucun pays n’est à l’abri de l’injustice. Les immigrés, partout, endurent un travail éreintant, l’exploitation et l’absence d’asile. La phrase « Le roi Salomon l'a jamais vécu par ici » souligne l’absence de sagesse ou de justice dans un monde marqué par l’inégalité, contrastant avec l’image de ce roi connu pour son équité.
Le titre Straight to Hell dépasse largement son succès commercial initial. Bien qu’éclipsé par le single Should I Stay or Should I Go, il demeure l’un des morceaux les plus emblématiques des Clash. Il a continué à figurer dans leur répertoire live jusqu’à leur séparation en 1985 et a été repris par Joe Strummer dans ses projets solo (Joe Strummer and the Mescaleros; j'avais raté les Clash en concert, à mon grand regret, au moinsai-je pu voir Joe Strummer sur scène avec les Mescaleros). La version non éditée, incluant un couplet sur les trafiquants de drogue latinos à New York, est apparue dans des compilations ultérieures, enrichissant la complexité narrative de la chanson.
En fin de compte, Straight to Hell est une dénonciation magnifiquement dévastatrice de la négligence et de l’inégalité mondiales. Ses paroles dressent un tableau de désespoir à travers les frontières, rappelant que la condition des laissés-pour-compte est universelle. Le sentiment final de Strummer résonne à travers le temps : « Ça pourrait être n’importe où Probablement n’importe quelle frontière N’importe quel hémisphère » Le refrain obsédant et le message intemporel de la chanson assurent sa place non seulement comme un sommet de la discographie des Clash, mais aussi comme une critique culturelle profonde qui reste, et restera, toujours d’actualité.
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3* Comment in English
"Straight to Hell" by The Clash stands as a haunting and multilayered critique of societal injustice, it decries the predicament of the neglected ones. As the final track recorded by the original line-up of the band, it serves as a poignant close to their illustrious career. The song, included on the Combat Rock LP, reveals a global panorama of suffering, from the collapse of British industry to the plight of Amerasian children in Vietnam and the ravages of the drug trade in America, all tied together with the overarching theme of the underdog being crushed by a heartless society.
The track began as an experimental guitar riff by Mick Jones, with drummer Topper Headon transforming it with a bossa nova-inspired rhythm. This unusual choice required innovative recording techniques: Headon handed Joe Strummer a lemonade bottle wrapped in a towel and had him strike the bass drum to enrich its sound. The recording session, conducted at Electric Lady Studios in New York on New Year’s Eve 1981, was frenetic, with Strummer working tirelessly through the night to craft lyrics that showcased his poetic sensitivity. The track was finished just before midnight, and the band emerged into Times Square's New Year’s Eve crowds, euphoric in the knowledge that they had created something remarkable.
Lyrically, the song traverses continents, addressing universal themes of poverty, misery, and displacement. Each verse illuminates a different facet of injustice:
- Britain's Economic Collapse:
The opening verse reflects the harsh realities of the early 1980s recession in the UK. Immigrants who had come seeking better lives found themselves trapped in decaying industrial towns, victims of Thatcher-era policies and societal prejudice. Strummer's lyrics highlight their alienation: "There ain't no need for ya, go straight to hell boys ".
- The Legacy of Vietnam:
The second verse turns to the Amerasian children left behind by American soldiers. Strummer captures the heartache of these children rejected by both their American fathers and Vietnamese society. The biting lyric, "It ain't Coca-Cola, it's rice" emphasizes the cold rejection and lack of identity these children faced.
Five years after the song was released, in 1987, the U.S. Congress passed the Amerasian Homecoming Act, allowing Amerasian children (and their immediate families) to immigrate to the United States. Approximately 23,000 Amerasians and 67,000 family members relocated under this program. There are stories of such persons reconnecting with their ex-soldier fathers and finding closure, but some did not find them, and then others were faced with a refusal on the part of Vietnam vets to acknowledge their kids and reconnect.
- America’s Drug Epidemic:
The third verse critiques the drug crisis ravaging U.S. cities, particularly impoverished immigrant communities. Addiction becomes a metaphorical prison, with "Junkiedom USA" illustrating how systemic neglect fuels despair. Immigrants, scapegoated for societal ills, face hostility symbolized by a "volatile Molotov" hurled in Alphabet City.
- Universal Exploitation:
In the final verse (released only in later versions of the song), Strummer encapsulates the song's global message: no country is immune to injustice. Immigrants everywhere endure grueling work, exploitation, and the absence of asylum. The refrain "King Solomon he never lived round here" underscores the absence of wisdom or justice in a world marked by inequality, this king is remembered for his fairness and sound judgment.
The track's legacy extends far beyond its initial release. While overshadowed commercially by its double A-side partner, Should I Stay or Should I Go, "Straight to Hell" has endured as one of The Clash’s most respected works. It remained a staple of their live performances until the band's breakup in 1985 and was later revisited by Strummer with his solo projects. The uncut version, which includes a fourth verse about Latino drug dealers in New York, surfaced in later compilations, further enriching its narrative complexity.
Ultimately, "Straight to Hell" is a devastatingly beautiful indictment of global neglect and inequality. Its lyrics show an array of despair across borders, reminding listeners that the plight of the underdog is universal. Strummer’s closing sentiment resonates across time: "Could be anywhere, most likely could be any frontier, any hemisphere." The track’s haunting refrain and timeless message ensure its place not only as a pinnacle of The Clash's discography but as a profound cultural critique that does remain relevant to this day. And, given human nature, always will.
4* Original song text
The Clash - Straight to Hell
If you can play on the fiddle
How's about a British jig and reel?
Speaking King's English in quotation
As railhead towns feel the steel mills rust
Water frozen in the generation
Clear as winter ice
This is your paradise
There ain't no need for ya
Go straight to hell boys
Y'wanna join in a chorus
Of the Amerasian blues?
When it's Christmas out in Ho Chi Minh City
Kiddie say papa papa papa papa-san take me home
See me got photo photo
Photograph of you
Mamma Mamma Mamma-san
Of you and Mamma Mamma Mamma-san
Lemme tell ya 'bout your blood, bamboo kid
It ain't Coca-Cola it's rice
Straight to hell
Oh Papa-san
Please take me home
Oh Papa-san
Everybody they wanna go home
So Mamma-san says
You wanna play mind-crazed banjo
On the druggy-drag ragtime U.S.A.?
In Parkland International
Hah! Junkiedom U.S.A.
Where procaine proves the purest rock man groove
and rat poison
The volatile Molatov says
HEY CHICO WE GOT A MESSAGE FOR YA...
VAMOS VAMOS MUCHACHO
FROM ALPHABET CITY ALL THE WAY A TO Z, DEAD, HEAD
Go straight to hell
Can you really cough it up loud and strong
The immigrants
They wanna sing all night long
It could be anywhere
Most likely could be any frontier
Any hemisphere
No man's land and there ain't no asylum here
King Solomon he never lived round here
Go straight to hell boys.
5* The Clash versions
1982 Live
Joe Strummer band live
Joe Strummer band live 1988
6* Reprises / Covers
1999 Skinnerbox
1999 Moby ft. Heather Nova
2001 Emm Gryner
2003 Josh Rouse ("unplugged")
2004 Seanchai & The Unity Squad
2005 Amy Loftus + Will Kimbrough
2007 The Menzingers
2009 Lily Allen
2009 Danny Michel (dub)
2012 The Wetdogs
2013 Le Grand Mercoles (acoustic)
2016 Kepi Ghoulie & Hervé Peawee ("unplugged")
2017 U.S. Bombs
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