Traductions de rock songs + histoire, contexte, vidéos et reprises. Songs translations + covers. All in English/French!
31 Août 2017
En 1994, David Bowie publie "1. OUTSIDE", son album le plus versatile, renouant avec Brian Eno.
Sous-titre de l'album : « Le rituel du meurtre artistique de Baby Grace Blue : un drame gothique hyper-cyclique non-linéaire ».
J'ai aussi traduit ce que David Bowie en disait quelques temps après sa sortie :
"Peut-être la seule passerelle entre certains passages de Outside et le prochain millénaire est ce nouveau culte païen, toute cette recherche actuelle d'une nouvelle vie spirituelle. C'est dû à cette façon dont on a détruit l'idée de Dieu avec ce triumvirat à l'aube du XXème siècle, Nietzsche, Einstein, et Freud. Ils ont vraiment détruit tout ce à quoi nous croyions. "Dieu est mort, le temps est courbe, notre moi intérieur est composé de plusieurs personnalités". Eh bin, ça nous laisse putain d'où, tout ça ? [...] Je me demande si on a bien pris conscience que la seule chose que nous pouvons créer en tant que déité est la bombe à hydrogène, et que les conséquences de cette prise de conscience, du fait que ce que nous n'arrivons à créer comme déités ne semblent être que des désastres, résulte en ce que les gens cherchent une cohésion et une universalité spirituelles, grâce à vrai encouragement vers une réflexion intérieure. Mais il existe aussi ce positivisme que l'on peut trouver maintenant et qui, de fait, n'existait pas à la fin du XIXème siècle. A l'époque, la phrase clé dans la communauté artistique et littéraire était : nous sommes à la fin du monde. Ils avaient véritablement l'impression en 1899 qu'il n'y aurait rien d'autre, que seule une complète apocalypse pourrait s'ensuivre. Ce n'est pas le cas maintenant. On peut certes être un peu méfiant ou nerveux quant à ce qui nous attend, mais il n'y a pas ce sentiment que tout va s'arrêter en l'an 2000. Règne plutôt presque ce climat de réjouissance : "Bon, au moins on va se mettre au travail et vraiment y arriver ensemble".
Sa technique d'écriture est inspirée de William Burroughs, la cut-up technique. Il écrit la chanson, en découpe les vers, les mélange et un "nouveau" texte existe. Celui que nous connaissons, celui ici traduit.
Ceci est la toute première traduction en français de cet album Outside (la nouvelle et toutes les chansons), dont cette chanson No Control.
Scrollez sous la version anglaise pour retrouver trois interviews traduites de Bowie sur Outside.
David Bowie - Aucun contrôle
Défie-toi du futur
Fuis loin de la lumière
Tout est aliéné – aucun contrôle
Tiens-toi serré dans ton coin
Ne révèle pas tes plans à Dieu
Tout est aliéné
Aucun contrôle
Si je pouvais contrôler la trouble du lendemain
La rive noire ne m’angoisserait pas
Si je ne peux contrôler
La toile que nous tissons
Ma vie se perdra dans les feuilles mortes
Tout geste est incertain
Ne révèle pas tes plans à Dieu
Tout est aliéné
Aucun contrôle
Je devrais vivre ma vie à genou
Si je ne peux contrôler ma destinée
Tu te dois d’avoir un script
Tu te dois d’avoir un plan
Dans le monde actuel, pour l’homme de demain
Aucun contrôle
Défie-toi du futur
Ne révèle pas tes plans à Dieu
Tout est aliéné
Aucun contrôle
Des mots interdits, m’assourdissent
En mémoire, aucun contrôle
Vois jusqu’où celui qui a péché
Brûle ses traces, ses habits ensanglantés
Tu te dois d’avoir un script
Tu te dois d’avoir un plan
Dans le monde actuel, pour l’homme de demain
Je devrais vivre ma vie à genoux
Si je ne peux contrôler ma destinée
Aucun contrôle, je n’arrive pas à croire
Que je n’ai aucun contrôle
Tout est aliéné
Je n’arrive pas à croire que je n’ai aucun contrôle
Tout est aliéné
Aliéné
David Bowie - No Control
Stay away from the future
Back away from the light
It's all deranged - no control
Sit tight in your corner
Don't tell God your plans
It's all deranged
No control
If I could control tomorrow's haze
The darkened shore wouldn't bother me
If I can't control
the web we weave
My life will be lost in the fallen leaves
Every single move's uncertain
Don't tell God your plans
It's all deranged
No control
I should live my life on bended knee
If I can't control my destiny
You've gotta have a scheme
You've gotta have a plan
In the world of today, for tomorrow's man
No control
Stay away from the future
Don't tell God your plans
It's all deranged
No control
Forbidden words, deafen me
In memory, no control
See how far a sinful man
Burns his tracks, his bloody robes
You've gotta have a scheme
You've gotta have a plan
In the world of today, for tomorrow's man
I should live my life on bended knee
If I can't control my destiny
No control I can't believe
I've no control
It's all deranged
I can't believe I've no control
It's all deranged
Deranged
Deranged
* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *
TROIS INTERVIEWS :
"L'album a fortes réminiscences de Diamond Dogs... L'idée de cette situation post-apocalyptique est là, d'une manière ou d'une autre. Vous pouvez le ressentir."
The album has "strong smatterings of Diamond Dogs ... The idea of this post-apocalyptic situation is there, somehow. You can kind of feel it."
Par dessus-tout, l'ambition à long terme est de faire une série d'albums d'ici à 1999, pour essayer de saisir, ce faisant, l'impression laissée par ces cinq dernières années du millénaire. C'est un journal au sein du journal. La narration et les histoires ne sont pas le contenu — le contenu est ce qui est entre les lignes. Les textures étranges et nauséabondes... Oh, j'ai les meilleurs espoirs pour la fin de siècle (NdT : en français). Je la vois comme un rite sacrificiel symbolique. Je la vois comme une déviance, un vœu païen d’apaiser les dieux, afin que nous puissions aller de l'avant. Il existe en ce moment une vraie famine spirituelle qui est remplacée par ces mutations de rites et de rituels presque oubliés. Pour prendre la place laissée vacante par une église non autorisée. On a ce panic button qui nous dit que ça va être la folie complète à la fin de ce siècle."
Overall, a long-term ambition is to make it a series of albums extending to 1999—to try to capture, using this device, what the last five years of this millennium feel like. It's a diary within the diary. The narrative and the stories are not the content—the content is the spaces in between the linear bits. The queasy, strange, textures.... Oh, I've got the fondest hopes for the fin de siecle. I see it as a symbolic sacrificial rite. I see it as a deviance, a pagan wish to appease gods, so we can move on. There's a real spiritual starvation out there being filled by these mutations of what are barely remembered rites and rituals. To take the place of the void left by a non-authoritative church. We have this panic button telling us it's gonna be a colossal madness at the end of this century.
"Peut-être la seule passerelle entre certains passages de Outside et le prochain millénaire est ce nouveau culte païen, toute cette recherche actuelle d'une nouvelle vie spirituelle. C'est dû à cette façon dont on a détruit l'idée de Dieu avec ce triumvirat à l'aube du XXème siècle, Nietzsche, Einstein, et Freud. Ils ont vraiment détruit tout ce à quoi nous croyions. "Dieu est mort, le temps est courbe, notre moi intérieur est composé de plusieurs personnalités". Eh bin, ça nous laisse putain d'où, tout ça ? [...] Je me demande si on a bien pris conscience que la seule chose que nous pouvons créer en tant que déité est la bombe à hydrogène, et que les conséquences de cette prise de conscience, du fait que ce que nous n'arrivons à créer comme déités ne semblent être que des désastres, résulte en ce que les gens cherchent une cohésion et une universalité spirituelles, grâce à vrai encouragement vers une réflexion intérieure. Mais il existe aussi ce positivisme que l'on peut trouver maintenant et qui, de fait, n'existait pas à la fin du XIXème siècle. A l'époque, la phrase clé dans la communauté artistique et littéraire était : nous sommes à la fin du monde. Ils avaient véritablement l'impression en 1899 qu'il n'y aurait rien d'autre, que seule une complète apocalypse pourrait s'ensuivre. Ce n'est pas le cas maintenant. On peut certes être un peu méfiant ou nerveux quant à ce qui nous attend, mais il n'y a pas ce sentiment que tout va s'arrêter en l'an 2000. Règne plutôt presque ce climat de réjouissance : "Bon, au moins on va se mettre au travail et vraiment y arriver ensemble".
Perhaps the one through-line between some of the stuff in Outside and the coming millennium is this new Pagan worship, this whole search for a new spiritual life that's going on. Because of the way we've demolished the idea of God with that triumvirate at the beginning of the century, Nietzsche, Einstein, and Freud. They really demolished everything we believed. 'Time bends, God is dead, the inner-self is made of many personalities'... wow, where the fuck are we? [...] I wonder if we have realized that the only thing we could create as 'God' was the hydrogen bomb and that the fall-out from the realization that as gods we can only seem to produce disaster is people trying to find some spiritual bonding and universality with a real nurtured inner-life. But there is also this positivism that you find now which really wasn't there at the end of the last century. Then, the general catch phrase among the artistic and literary community was that it was the end of the world. They really felt that in 1899 there was nothing else, that only complete disaster could follow. It isn't like that now. We may be a little wary or jittery about what's around the corner, but there's no feeling of everything's going to end in the year 2000. Instead, there's almost a celebratory feeling of 'right, at least we can get cracking and really pull it all together.'